Info
Politiques ou plans en faveur des cyclistes
Cette fiche détaille les principales approches stratégiques et institutionnelles adoptées par les collectivités afin d’encourager l’utilisation du vélo. Ces dernières soutiennent le rôle clé du vélo dans les déplacements actifs et assurent son intégration dans toute planification urbaine.
Une collectivité définit ses objectifs en faveur des cyclistes par l’entremise d’une politique qui présente les grandes orientations et d’un plan qui détaille les principales interventions. Les orientations « vélo » peuvent s’intégrer à une politique déjà existante ou être présentées dans une politique consacrée uniquement au vélo. Les orientations et les objectifs sont par la suite mis en œuvre dans le plan de mobilité.
CONSTATS
Les interventions sont souvent faites à la pièce. Ce manque de planification et de réflexion globale peut générer des réseaux cyclables décousus. Par exemple, certaines initiatives encouragent surtout la pratique récréative du vélo, et les pistes cyclables aménagées ne sont pas connectées avec le reste de la ville.
–
Les décideurs donnent régulièrement une place secondaire au vélo dans les plans de transport et dans les budgets alloués à la mobilité active.
–
Les connaissances techniques en matière de conception d’infrastructures cyclistes ne sont pas toujours suffisantes et, par conséquent, certains aménagements sont mal conçus ou de qualité médiocre.
–
Les cyclistes sont des usagers vulnérables qui souhaitent bénéficier d’aménagements leur permettant de circuler avec confiance et d’infrastructures sécuritaires leur permettant de cadenasser leur vélo.
SOLUTION
De manière à développer une véritable culture vélo, les actions doivent être chapeautés par des politiques et des plans. Les interventions à la pièce ne sont pas suffisantes ; il faut un engagement clair, une vision et des actions définies pour y arriver.
La politique
La politique donne une structure au cadre décisionnel et formule des orientations claires. L’important est de choisir une politique qui convient aux besoins de la collectivité. L’aspect vélo peut être intégré dans une politique existante qui couvre le transport actif (politique familiale, politique d’urbanisme durable, etc.), ou la collectivité peut adopter une nouvelle politique qui se consacrera uniquement au transport actif ou au vélo.
Le plan de mobilité active ou durable
Il permet de concrétiser les orientations adoptées dans la politique en établissant un plan d’action en vue de mettre en œuvre celles-ci.
Il est fortement recommandé de présenter dans ce plan les actions qui seront mises en œuvre dans chacun des cinq axes d’intervention (5E). Le plan d’action « vélo » peut être intégré au plan de transport ou de mobilité, positionnant le vélo comme un mode utilitaire au même titre que les modes motorisés.
AVANTAGES
- Transmission d’un message clair et engagé
- Structure des actions et coordination des différents intervenants en vue de la réalisation des objectifs
- Soutien l’importance du cyclisme comme moyen de transport viable
- Amélioration de la sécurité pour les déplacements à vélo
- À moyen et à long terme, amélioration de la mobilité urbaine
- Incitatif pour les citoyens à être plus actifs
- Diminution de la pollution de l’air
- Augmentation de la qualité de vie dans les quartiers et stimulation de l’économie
PRINCIPES
Faire un état de la situation
La manière de poser un problème détermine en bonne partie le type de solution qu’on lui trouve. Planifier des interventions en faveur du vélo nécessite l’analyse attentive de la situation locale afin de cerner les problèmes et les opportunités, de les hiérarchiser et d’établir les liens qui existent entre eux.
Les principaux éléments à prendre en considération sont :
- le territoire :
- sa population (nombre et distribution des personnes qui habitent, travaillent, consomment ou étudient dans le secteur),
- ses zones d’activité humaine : bassins résidentiels, pôles d’emplois, pôles d’études, zones commerciales, etc.,
- ses attraits : parcs, places publiques et autres espaces verts et bleus ;
- le réseau actuel : le réseau de transport actif, sa capacité à desservir l’ensemble du territoire ainsi que sa sécurité et son confort ;
- les barrières à la circulation des piétons et des cyclistes : les obstacles à la marche et au vélo et les points de franchissement de ces obstacles ;
- les parcours utilisés : les habitudes de déplacement dans le secteur ;
- les mesures et programmes d’éducation et de sensibilisation à la pratique du vélo et au partage de la route ;
- activités, événements et autres initiatives visant à promouvoir la pratique du vélo auprès des citoyens ;
- règlements et autres mesures d’encadrement relatives à la pratique du vélo.
Mobiliser les acteurs de la collectivité
Un des premiers pas à faire dans la préparation d’un plan consiste à identifier quels sont les acteurs impliqués et à tisser avec eux des liens de collaboration. Évidemment, les autorités municipales sont incontournables, car ce sont elles qui encadrent l’aménagement urbain et les interventions sur l’espace public. Parmi les services locaux directement touchés, figurent les services concernés par :
- les transports, la voirie ou plus généralement les travaux publics ;
- l’aménagement du territoire et l’urbanisme ;
- les parcs, les sports ou les loisirs.
En plus de l’administration municipale, il peut être judicieux d’impliquer :
- les commerçants ;
- les institutions scolaires ;
- la santé publique ;
- les représentants de la vie communautaire ;
- les groupes et associations de cyclistes.
La participation du grand public est également souhaitable : les personnes qui résident ou travaillent dans le quartier et qui s’y déplacent quotidiennement possèdent souvent une excellente connaissance du milieu, complémentaire à celle des équipes techniques.
Planifier un réseau cyclable conséquent avec l’aménagement du territoire
Pour s’assurer de la cohérence de la planification du réseau cyclable et de son intégration à l’aménagement du territoire, il importe de prendre en considération les principes suivants :
- accessibilité : le réseau cyclable desservira :
- les bassins de population,
- les lieux de travail et d’étude,
- les commerces et les services,
- les lieux publics ;
- connectivité : le réseau cyclable liera directement tous les quartiers, franchissant adéquatement les barrières :
- naturelles : cours d’eau, ravins, pentes abruptes, etc.
- construites : voies ferrées, autoroutes, routes et rues à fort débit de circulation, etc. ;
- complémentarité : le réseau cyclable sera complémentaire aux réseaux de transport en commun :
- prévoir des parcours adéquatement aménagés vers les arrêts et terminus d’autobus et les stations de train de banlieue, de tramway et de métro, installer sur ces sites des abris, des supports à vélos ;
- confort et sécurité : le réseau cyclable compte des voies confortables et sécuritaires, des corridors de circulation séparés pour les piétons, les cyclistes et les véhicules si nécessaire, et une chaussée est uniforme.
EXEMPLES
Calgary
En juillet 2014, Calgary a instauré la politique Bicycle policy afin de soutenir le vélo comme mode de transport utilitaire à part entière, un mode aussi important que les véhicules motorisés. La Ville souhaite que sa politique vélo soit intégrée dans plusieurs secteurs, comme l’éducation, la justice, les projets d’immobilisation, de développement et d’entretien. Ses objectifs sont de bonifier les conditions routières en laissant une place plus importante aux cyclistes sur la chaussée, d’offrir une route sans obstacle (ex.: nids de poule), un système routier continu et connecté ainsi qu’une quantité suffisante de stationnements pour vélos. Pour y répondre, la Ville s’est dotée d’un plan intégrant une planification stratégique pour le cyclisme et un guide d’aménagement des voies cyclables et de stationnement pour vélos.
Vancouver
C’est dans son plan de transport intitulé Transportation 2040, adopté en octobre 2012, que Vancouver a présenté sa politique vélo. Les principaux objectifs sont de garantir une sécurité accrue aux usagers plus vulnérables et d’intégrer l’aspect multimodal dans la planification. La Ville met sur pied une politique uniquement consacrée au vélo puisqu’elle souhaite envoyer un message clair à la population et ainsi encourager un plus grand nombre de cyclistes à rouler. Les grandes orientations dévoilées dans la politique sont un partage équitable de la route, des liens cyclistes continus et l’ajout de stationnements pour vélos. Afin de répondre à ces objectifs, Vancouver se dote de plusieurs outils. La Ville a produit un plan directeur des aménagements cyclables et a ajouté un règlement visant à assurer une présence suffisante de stationnements pour vélos dans le plan d’urbanisme.
Laval
La Ville de Laval a adopté la démarche ÉvoluCité, qui vise à aménager et à développer le territoire selon une approche basée sur l’urbanisme durable. La première étape de cette démarche a été l’adoption de la Politique de l’urbanisme durable, en mai 2011, puis la deuxième étape a consisté en l’adoption du Plan de mobilité durable, en juin suivant. Finalement, le Plan de mobilité active est la troisième étape et permet de concrétiser certaines mesures présentées dans la Politique de l’urbanisme durable.
Le Plan de mobilité de Laval vise deux grands objectifs :
- doubler la part modale de la mobilité active d’ici 2031.
- positionner Laval parmi les villes québécoises qui mettent la mobilité active au premier plan.
Plus concrètement, 16 actions sont prévues pour atteindre ces 2 objectifs. Afin de réaliser celles-ci, la Ville s’engage à respecter certains principes reliés à la protection des usagers plus vulnérables, à assurer une continuité dans le réseau cyclable et à favoriser une cohabitation harmonieuse sur la route.
Longueuil
En 2018, la Ville de Longueuil a développé son Plan directeur des déplacements cyclables et l’a soumis à des consultations publiques. Celui-ci vise à dresser un portrait de la situation des aménagements cyclables sur le territoire de la ville et établir une vision du développement de l’ensemble du réseau municipal pour les années à venir. Le diagnostic du plan propose notamment un regard sur le potentiel modal, l’étendue du réseau et son achalandage, les pôles générateurs de déplacement, le réseau blanc ou encore l’état des infrastructures (éclairage, qualité de la surface, sécurité).
Le plan propose des objectifs quantifiables pour favoriser la pratique du vélo et guider les décideurs. Ces objectifs proposent des actions visant à consolider le réseau cyclable (mise à normes, amélioration de la qualité de la surface, renforcement de la sécurité), le développer (accès, contournement de barrières majeures, déneigement) et bonifier l’offre de stationnements pour vélos (intégration aux normes d’urbanisme, espaces et vélostation dans les pôles générateurs de déplacement). Longueuil a commencé la mise en œuvre du plan en 2019.
Drummondville
La municipalité de Drummondville a dévoilé en 2019 son Plan de mobilité durable 2020-2040. Ayant mobilisé près de 2 400 citoyens lors de consultations publiques, ce plan vise à rendre les déplacements accessibles, sécuritaires, confortables et efficients, tout en s’assurant du caractère durable de ceux-ci. Le plan comporte des objectifs spécifiques pour les différents modes de transport. Ainsi, en matière de vélo, le plan vise à accroître la part des déplacements effectués à vélo à 7% pour 2040. Plus globalement, la Ville souhaite augmenter à travers son plan les déplacements effectués en transport en commun, en covoiturage, à pied et à vélo de 20 %.
Cette vision est assortie d’un Plan d’action en mobilité durable 2020-2024 qui propose des mesures et des objectifs dans les cinq champs d’intervention nécessaires au développement de la pratique du vélo. Pour assurer un suivi efficace des actions projetées, le plan identifie les instances municipales concernées, en plus de définir un échéancier et un niveau de priorisation d’impact pour chacune des actions.