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Aménagements cyclables
Une conception soignée de la voirie et des espaces publics produit un environnement favorable à la pratique du vélo. Les voies cyclables sont des éléments essentiels pour créer cet environnement. Afin d’aider dans la décision du type de voie cyclable à aménager sur un axe, cette fiche présente les caractéristiques principales des différentes voies cyclables et le contexte d’implantation approprié pour chacune.
CLASSES DE VOIES CYCLABLES
Les voies cyclables sont classées selon leur séparation des voies automobiles :
Partagées : voies que les vélos partagent avec les véhicules motorisés ;
Séparées visuellement : voies cyclables séparées des voies automobiles par du marquage ou un revêtement de couleur sur la chaussée ;
Séparées physiquement : voies cyclables hors route ou séparées des voies automobiles par des éléments verticaux.
Afin d’assurer le confort et la sécurité des cyclistes, la visibilité de la délimitation de la zone cycliste croît en fonction de la vitesse et du débit de circulation.
- Une voie partagée peut être confortable et sécuritaire s’il y a peu d’automobiles et que la vitesse de circulation est faible.
- Une démarcation visuelle ou physique est nécessaire en vue de maintenir le niveau de confort et de sécurité des cyclistes lorsque le débit ou la vitesse du trafic automobile sont plus élevés.
L’absence de séparation ou une séparation insuffisante risque de rendre une rue inaccessible aux cyclistes moins expérimentés ou plus craintifs.
Une séparation physique est également préférable dans les cas suivants :
- rues commerçantes : une voie cyclable séparée physiquement risque moins d’être bloquée par les camions de livraison et évite les conflits avec les véhicules garés en bordure de rue ;
- corridor de transport en commun : une voie cyclable séparée physiquement est plus confortable et sécuritaire qu’une voie partagée avec les autobus ou qu’une bande cyclable coincée entre la bordure de trottoir et la voie d’autobus ;
- corridor de camionnage : une voie cyclable séparée physiquement est plus confortable qu’une voie partagée avec les camions ou qu’une bande cyclable coincée entre la bordure de trottoir et la voie où circulent les camions ;
- corridor scolaire : une voie cyclable séparée physiquement est plus appropriée au déplacement à vélo des enfants d’âge scolaire entre l’école et la maison en raison de leurs compétences physiques et cognitives moins développées et de la préoccupation de leurs parents pour leur sécurité.
TYPES DE VOIES CYCLABLES
Les trois classes de voies cyclables se déclinent en sept principaux types d’aménagements cyclables, énumérés ci-dessous.
Classe |
Type |
Contexte |
Type de route |
Mise en œuvre |
Partagée
|
Urbain, Périurbain Rural |
Locale |
Modification de l’existant |
|
Urbain, périurbain |
Locale |
Modification de l’existante Construction |
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Urbain, périurbain |
Locale |
Modification de l’existant Construction |
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Visuellement séparée |
Périurbain Rural |
Collectrice Artère |
Modification de l’existant Construction |
|
Urbain Périurbain |
Locale Collectrice |
Modification de l’existant |
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Physiquement séparée |
Urbain Périurbain |
Collectrice Artère |
Modification de l’existant |
|
Urbain Périurbain |
Collectrice Artère |
Construction |
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Urbain Périurbain |
Hors route |
Construction |
||
Périurbain Rural |
Hors route |
Construction |
CHOIX DU TYPE D’AMÉNAGEMENT À IMPLANTER
Le tableau ci-dessous résume les conditions idéales à l’implantation des sept principaux types d’aménagements cyclables. Ces conditions reflètent les meilleures pratiques en matière d’aménagement cyclable et sont plus exigeantes que les normes d’aménagement en vigueur.
Le nombre de voies de circulation est utilisé comme substitut au débit de circulation. De façon générale, sur une rue à sens unique à une voie ou une rue à double sens comportant une voie par direction, le faible débit de circulation permet l’aménagement d’une voie cyclable partagée ou visuellement séparée. Dans le cas où il y a plus d’une voie par direction, les débits potentiels sont si importants qu’une séparation physique s’impose par mesure de confort et de sécurité des cyclistes.
Classe |
Type |
Vitesse |
Voies |
Autres conditions |
Partagée
|
30 km/h en milieu urbain 50 à 70 km/h en milieu rural |
1 par direction |
Préférablement moins de 500 véhicules/jour par souci de maximiser le confort et la sécurité des cyclistes Débit jusqu’à 1000 véhicules/jour en milieu rural Débit jusqu’à 3000 véhicules/jours en milieu urbain[1] |
|
30 km/h |
1 par direction |
Milieu urbain dense pouvant générer un débit de cyclistes élevé Aucun circuit de transport en commun Camionnage interdit |
||
20 km/h |
1 par direction |
Milieu urbain dense pouvant générer un débit de piétons très élevé Aucune circulation de transit Aucun circuit de transport en commun Camionnage interdit |
||
Visuellement séparée |
40 à 60 km/h |
1 par direction |
Drainage ouvert Débit de piétons faible Débit de moins de 250 véhicules lourds/jour |
|
30 à 50 km/h |
1 par direction |
Rue résidentielle Pas de stationnement sur rue ou taux d’occupation soutenu mais faible taux de roulement Débit de moins de 3000 véhicules/jour |
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Séparée physiquement |
50 km/h et plus |
2 par direction ou plus |
Rue commerçante Pas de reconstruction planifiée Corridor scolaire |
|
50 km/h et plus |
2 par direction ou plus |
Rue commerçante Nouvelle rue ou rue en reconstruction Corridor scolaire |
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– |
– |
Hors emprise de rue ou de route Moyenne de 300 m ou plus entre les intersections et les entrées charretières |
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– |
– |
Faible achalandage de piétons (moins de 30%) Moins de 300 usagers/heure (piétons + cyclistes) Moyenne de 300 m ou plus entre les intersections et les entrées charretières |
[1] Seuil pour une chaussée désignée selon la norme québécoise actuelle.
PROJET PILOTE OU TRANSITOIRE
Un projet pilote ou transitoire est un aménagement temporaire dont le but est de tester et raffiner un nouvel aménagement, ou encore de favoriser l’acceptabilité sociale d’un projet avant qu’il ne devienne permanent.
Les projets pilotes sont mis en œuvre à l’aide d’éléments modulaires installés d’une façon non permanente permettant leur déplacement ou leur enlèvement au besoin. On retrouve entre autres :
- des marquages au sol ;
- des balises et des poteaux ;
- des bordures modulaires ;
- des jardinières.
Les aménagements couramment réalisés sur une base transitoire sont :
- les pistes cyclables sur rue ;
- les saillies de trottoir et les chicanes ;
- les rues piétonnes et partagées.
Avant la mise en œuvre du projet pilote et durant celui-ci, il est impératif de collecter des données et de bien documenter le fonctionnement de l’aménagement, afin d’en constater les incidences. Les critères d’évaluation pour un projet pilote d’aménagement cyclable comprennent typiquement les suivants :
- incidences sur les piétons et les cyclistes :
- changement de débit,
- changement démographique,
- nombre d’accidents,
- confort et satisfaction des usagers ;
- incidences sur le transport en commun :
- changement de la vitesse commerciale,
- fréquence des retards ;
- incidences sur le transport automobile :
- disponibilité des stationnements,
- temps de parcours ;
- incidences sur les riverains :
- fréquentation des commerces et services riverains ;
- nombre et valeur des ventes dans les commerces riverains.
Si on modifie l’aménagement durant le projet pilote, on documente les raisons, la nature des modifications et leurs conséquences. Ces informations sont essentielles autant pour répondre aux critiques que pour éventuellement concevoir un projet permanent qui éliminera les erreurs et défauts du projet pilote.